Le corps de l'artisan est à l'image de celui du sportif : il prend sens à travers l'effort physique fourni pour exercer son art. L'oeuvre qui en résulte révèle par transparence les mains qui constituent l'outil premier de l'artisan. L'art perdure comme une empreinte, un vêtement gardant le souvenir du corps voué à la disparition.
Le corps ne dure jamais, un constat qui est ressenti de manière encore plus forte lors de la pratique d'un sport et dans l'artisanat. L'habituel gant de boxe est fait en tissu rembourré dans le but de protéger soi-même et son adversaire. Ici le verre détourne cet objet qui devient alors dangereux. On ne peut pas lutter avec des gants en verre. La lutte vue au premier degré se révèle alors absurde. Pour certains la pratique du soufflage de verre semble être une lutte avec ce matériau, pourtant on comprend vite qu'il s'agit plutôt d'une connaissance, d'une compréhension du verre chaud et de ses propres capacités. De la même manière la victoire dans un match de boxe dépend plus de la capacité à connaître son adversaire et soi-même plutôt que d'une notion seule de lutte. Si le corps de l'artisan est bel et bien mis à l'épreuve lors de la pratique de son art, à son tour il met à l'épreuve le verre dans ses capacités chimiques, thermiques, plastiques. Ici l'effet de craquelé garde 'imprimé' comme une peau le souvenir du choc thermique qui a été donné à subir au verre. Cette trace de choc, de fissures, fait résonance avec l'idée du choc physique porté par le boxeur. |
Photo Nicolette Humbert
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